[Sombre] To'Ryll Draken

[Hellymaine]

Tellement de choses changent en si peu de temps ..

Je me revois enfant, à combattre des journées entières et à présent ... je suis là, les fesses posées dans des fauteuils en velours un verre de vin à la main.. écoutant les complaintes de certains, les jérémiades d'autres et discutant avec d'autres nobles afin de condamner ou pas les agissements d'individus.
Que s'est-il passé pour en arriver là, la petite sauvage sang-pitié a-t-elle finie par s'endormir ?

Je repense à mes retrouvailles avec Archibald avec un sourire puis ses propos envers Cédéric et ce sourire s'éteint. Je me rend compte que je risque de devenir comme lui .. et je ne le suis pas.

Mes visites à Dion me font un bien fou... je me sens chez moi et rien ni personne ne peut me retirer ce sentiment.
Père, j'adore discuter avec vous. Votre sagesse et votre droiture sont une bouffée d'oxygène pour moi. Un cadre dans lequel je peux être moi-même.
Une pause s'impose, nous quittons Gludin temporairement suite à ce procès. Une semaine, une semaine si courte où je ne suis plus la diplomate. Une semaine où il se passa des évènements qui, avec le recul, ne me semblent pas si surprenant.

Gludio ... cette ville que je voulais libre, est devenue totalement gangrénée à son tour... Nous avons aidé Borko du mieux que nous le pouvions, en le prévenant même de la possibilité qu'une meurtrière se trouve en ces murs et au final ... en revenant j'apprends qu'elle est devenue collaboratrice des forces royales. Cette situation me donne envie de rire en fait.. ils ont tous perdu la tête.

Mais la Maev'ar n'est plus ma priorité, elle a tenté de me rencontrer mais refuse que je vienne accompagnée de celui dont on ne connait le nom. Et bien tant pis pour elle, j'ai autre chose à faire que de perdre mon temps avec les doléances de cette ... abomination ... finalement, elle est redevenue ce qu'elle a toujours été probablement, comme le pense Frisson, se jouant de certaines personnes encore une fois.

Père et mon vieil ami ont raison, ils sont forts en manipulation ces saletés. Liurka semble en avoir fait les frais au vu de l'état dans lequel nous l'avons trouvé suite à la traque de l'abomination et de sa "fille"... Je trouve dommage pour elle qu'elle soit si accrochée à ces choses. Saura-t-elle se rendre compte assez tôt que le plus important est le sort des mutants plus que de morts vivants.

A présent, Dion a besoin de moi. Je ne peux pas laisser Père et nos troupes seuls face aux ennemis. Gludin m'a déjà tourné le dos, Gludio n'a pas su saisir mes recommandations. Il faudra agir tôt ou tard mais pour le moment, je dois être là pour Dion.
Notre dernière discussion avec toi a été riche. Je suis fière d'arborer le blason de notre Famille a côté de celui de la cité. Après avoir dis le plus important à mes yeux, tu m'a honoré de ta confiance et de ton acceptation en me tendant cet ouvrage scellant ainsi la confiance qui nous unie tous les trois. Je sais que les jours à venir seront difficiles, remplis de souffrances et de douleurs mais je les encaisse bien mieux que la trahison. Combattre contre toi pour devenir plus forte .. jamais je n'aurais osé y penser et pourtant, je me sens à présent totalement sereine et prête.

Nos lames s'entrechoquent violemment mais nos cœurs n'ont jamais été aussi proches. La fatigue se lit sur nos visages mais nous sommes si sereins dans ces moments de partage. La violence, la rage et la justesse au service de l'honneur et de la droiture. Je suis née sur ces terres, je me battrais pour ces terres et je mourrais ici si Shilen le veut.

Mes journées sont rythmées par les combats. Accompagnant chaque jour que Mère fait, le lieutenant Baldur et ses troupes afin de nettoyer les poches de résistance mutante encore en place. Partie Gardienne, je suis revenue pour mener nos troupes face à la Légion à tes côtés.

Pour nos soldats,
Pour Dion,
Pour Lui et pour Toi,
Pour Mère.

[Hellymaine]

Je t'ai trouvé...
A force d'entrainements et de recherches martiales, je suis tombée sur toi .. Oh bel ouvrage ... me contant les méthodes de combats et les danses ancestrales de notre Déesse utilisées pour renforcer nos guerriers.
Diminuant encore mon temps de sommeil, je passe la plupart de mon temps libre à te lire. Quelle source de connaissances, je remercie mes ancêtres d'avoir consigné ainsi tout ce savoir mais il me faut plus .. si je veux renforcer mes troupes au combat. Il faut que j'acquière Sa Confiance ... il faut que je rencontre le Haut-Prêtre de Dion, ainsi je serais pleinement une Gardienne, Sa Gardienne.

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Maj Subclass bladedancer

[Hellymaine]

La fin de l’enfance.

« Je ne comprends plus pourquoi,
J’ai du sang sur mes doigts,
Dors en paix je t’assure,
Je veillerai ta sépulture …. »

Une simple inscription sur une plaque au milieu de nul part aux alentours de Dion.

To’Ryll resta un moment pensive devant elle, sans réelle tristesse ou compassion sur le visage.

Le traitre, tout le monde le nomme ainsi.. Pourtant avant cela il était le compagnon de la fille Draken. Certains disent qu’il n’aurait pas dû s’approcher du feu, d’autres qu’il a voulu jouer avec. Dans tous les cas, il en a payé de sa vie.

Son nom a été banni de toutes les lèvres, heureusement il n’avait pas de famille sur qui jeter le déshonneur.

Ce sombre, elle l’avait apprécié … passé du temps avec.. Combattu ensemble…ils étaient inséparables mais il avait trahi sa confiance en tentant d’assassiner le patriarche.
Il avait commis l’erreur fatale.

Elle fut convoquée un jour par son paternel. Ce dernier se tenait devant elle, droit, froid et fermé. A sa gauche, Frisson était présent aussi.. Masqué, silencieux et mystérieux.
Elle ne remarqua pas la présence de l’assassin de suite, son regard fixant son père comme tétanisée. Ses muscles étaient douloureux du combat, son souffle haletant mais elle restait figée comme du marbre froid et impassible.

J’ai une mission pour vous To’Ryll. Vous serez accompagnée pour cela.

Elle détourna à cet instant son regard et croisa celui de l’assassin. Un terrible frisson lui parcourra l’échine mais elle ne montra rien.

Quelle est la cible ?

Quand le patriarche prononça le nom de celui qui devait mourir. Elle écarquilla les yeux, comme effrayée. Son cœur était tiraillé entre refuser et assumer les conséquences ou demander la raison de cela.

Notre relation vous déplait Père ?

Il répondit par la négative et ajouta.

Son ambition de me voir sous terre oui en revanche.

Un lourd silence s’en suivi. Elle resta figée ainsi pendant de longues minutes, semblant cogitée très vite puis prononça d’une voix sèche :

Il mourra.

L’assassin s’approcha d’elle et ils sortirent ensemble de la salle. Le plan était simple.. L’attirer à elle et le mettre à terre.

Elle s’éloigna de ce dernier afin qu’ils ne soient pas vus ensemble à l’extérieur de la bâtisse. Elle devait voir le traitre d’ici quelques heures, il fallait qu’elle se prépare.
Elle retourna au combat, comme pour ne pas y penser. Elle ne voulait pas changer ses habitudes sous peine de faire échouer le plan.
A la fin de ses combats, elle alla au sud de Floran. Elle se posa un instant, regardant son reflet dans l’eau droit dans les yeux. L’exaltation du sang au combat était une toute autre chose que celle découlant d’une mort douce et froide. Elle lui offrirait celle-là, lui avec qui elle avait partagé son cœur et qui l’avait broyé en intentant à la vie de son père. L’assassin n’aura pas besoin de prendre le relais.

Je te ferai honneur Père. Prononça-t-elle à voix basse.

Sa mère n’était plus là depuis un moment à présent.. Elle n’avait plus que lui et Archibald et il était hors de question que quelqu’un intente à leurs vies.
Il arriva sur sa droite quelques minutes après et la trouva dans la même posture. Elle se releva et afficha un sourire sincère et heureux. Il semblait tellement amoureux … quel magnifique jeu de rôle. Elle s’approcha de lui et il lui ouvrit les bras. Elle vint se blottir contre lui et déposa un long baiser sur ses lèvres tout en sortant délicatement une dague qu’elle gardait toujours contre elle, dans sa cuissarde.

D’un geste vif, elle lui planta dans le flanc gauche tout en continuant à l’embrasser. La victime poussa un gémissement, étouffé par le baiser. Elle recula son visage, plongeant son regard bleu glacial dans celui du sombre qu’elle avait apprécié. Elle pouvait lire sur le visage de sa victime la douleur et, se reculant, elle le lâcha laissant tomber le lourd corps sans force au sol.

Elle alla s’assoir à côté de lui.

Personne ne viendra te sauver.. Tu as broyé mon cœur et tu m’a trahi. M’as-tu seulement aimé une seule fois …

Il semblait avoir des difficultés à respirer, une partie de son sang ruisselant jusqu’au petit lac, l’autre absorbée dans le sol. Elle avait sectionné une artère, signifiant ainsi une mort rapide et douce.

Tu vois, je ne suis pas si rancunière.. tu ne souffriras pas des lames de mon Père.

Il poussa ainsi son dernier soupire en sa présence. Elle resta là, assise, le corps inerte à côté d’elle un moment. Sortant de ses pensées, elle vit l’assassin masqué la regardant. Il hocha la tête et disparut rapidement.
Elle regarda ce corps qu’elle avait aimé mais ne prononça aucun mot, puis, se relevant, elle le porta plus loin dans un silence macabre.
Creusant une tombe de fortune, elle prononça ces simples mots :

Feu nourris qui éteind.

[Hellymaine]

A présent ... mes danses de renforcement nous aident énormément. Nous avons libéré Floran, grâce à elles, j'ai pu renforcer nos troupes et les mener à la victoire mais, face à la légion, il me faut combattre avec plus de violence.
Les entrainements avec Père sont enrichissants et.. pour la première fois, je ne vais pas retenir mes coups avec les deux épées. Je ne doute pas de sa capacité à parer mes attaques mais, en attendant, je me dois d'aller à la forge pour les entretenir.

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Maj Sub : Gladiateur

[Elhiniss]

Subclasses validées

[Hellymaine]

Bis Repetita

Mon frère…

D’aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours été différent … Je suis celle qui ressemble le plus à notre mère et pourtant … tu as son caractère.
Ton humour sarcastique m’a toujours amusé, nos longues discussions en fin de journée aussi. Tu n’as jamais cherché à m’effacer, bien au contraire. Tu étais là quand j’en avais besoin et pourtant, tu as refusé de me rencontrer.

J’ai rejoins les Héros de Gludin pour te porter secours à Gludio.. je me suis battue comme je l’ai toujours fais pour te retrouver et, tu m’as ignoré.
Père a donc missionné Frisson pour te confronter à Ta réalité, qui tu es et d’où tu viens.

Je suis restée à observer cette mission de loin, craignant ta réaction et les conséquences qui auraient pu en découler. Tu sais aussi bien que moi que j’aurais obéis au Patriarche, quoiqu’il me demande et même si mon cœur aurait à nouveau saigné pour une énième fois…Mais non, tu n’as rien oublié, tu es juste dans le même état que moi…
Cette sortie de Dion de notre Patriarche a fait parler. Je me souviens encore de la peur sur les visages en le voyant traverser la cité gludionnaise. Il semble que sa réputation le précède bien que je n’ai jamais demandé pourquoi au juste. Les affaires qu’il gère ne me regardent pas et elles ne me concernent pas, Tu es l’héritier et je te servirai de la même manière quand le temps sera venu.

Lors de cette sortie, après t’avoir vu, nous avons été mettre les pieds à l’Académie afin de parler de la menace Légion. J’ai vu ce dont ces créatures sont capables et nous n’avons clairement ni la capacité, ni les connaissances pour ne serait-ce que leur tenir tête.. Dans ma tête et dans mon cœur, si l’assaut vient à être lancé, Dion est déjà perdue...Les observations le démontrent chaque jour de plus en plus… Je me demande même si, avec l’Eveil des Dieux accordé à certains, cela sera suffisant … Il faut apaiser un nouveau Dieu mais il faut déjà connaitre lequel.

Cette épée danse au-dessus de nos têtes et l’histoire de l’Ancien n’est toujours pas terminée. Nous avons subis une attaque de vampires à Dion qui fut vite endiguée grâce à nos soldats, au bon sens de la population dionnaise et aux actions combinées avec Dame Valanzo mais le spectre de l’Ancien plane encore.. Une excursion de l’Académie a été menée pour confronter ses sbires qui se sont enfuis comme des lâches. J’ai dû composer avec la présence de la Maev’ar ce qui, étrangement, ne m’a pas dérangé tant qu’elle reste à sa place. L’Ancien est un souci bien plus important et puis qui sait, une pierre de coup sera peut-être faite s’il s’en prend à elle.

A ce sujet, j’ai appris énormément de chose que je ne peux coucher ici … Au-delà de ma mission pour sauver Dion, cet Ancien engendre chez moi bien plus de questions que de réponses et les choses qui se sont passées par la suite ont su répondre à certaines d’entre elles mais ont aussi alimenté la naissance d’autres troublantes.
Je connais aussi le prix qu’Il exigera pour en connaître les réponses et je ne rentrerai pas dans son jeu. Je serais la dernière Draken à l’affronter et ses secrets disparaitront avec son existence.

Père …
Tu me dois des réponses à présent. Le temps est venu de baisser les masques.

Pour moi,
Pour Cédéric,
Pour Toi,
Pour les Draken.

[Hellymaine]

Apprendre ... toujours apprendre.
Nos aïeux ont failli, ils ont été en dessous de tout.

Frisson a été d'une loyauté et honnêteté sans faille à mon égard.. Il m'a tout raconté.. Shilen a fait remonté des souvenirs incompréhensibles et honteux.
Il nous fallait des réponses... nous débarquâmes au château de Gludio. Archibald et Père se tenaient face à nous, discutant de la Légion.

Une fois n'est pas coutume et à l'étonnement général, je laisse Frisson prendre la parole pour exposer les faits et demander des réponses. Il s'agit de sa Famille, il est en droit de savoir.
Comme il fallait s'en douter, le ton monte. Père n'apprécie pas notre ton aux yeux de tous. Il s'agace, et montre son aplomb face à Frisson en voulant lui faire plier un genou comme un simple vassal mais le premier assassin refuse.

J'observe la confrontation, prête à intervenir pour éviter un conflit entre les deux hommes de ma vie et je reprend la parole, évoquant le sujet de ma génitrice.. Je m'interpose entre les deux et hurle sur Père de me donner des réponses.
Pour la première fois depuis bien longtemps, mes pensées se brouillent, mon sang se met à bouillir et mes mains se serrent.. Mon cœur bat fort, si fort que je peine à garder mon souffle. Mes jambes, pourtant si fortes, sont prêtes à vaciller mais je reste debout, droite devant lui.

Les soldats sont prêts à intervenir, les archers se mettent en joue en se verrouillant sur nous mais je ne bouge pas. Je fixe son regard furieux, Cédéric a raison ... nous nous ressemblons tellement..

Je sais que ce sujet le retourne au plus profond mais ne jamais rien laissé paraitre, voilà en quoi il est plus fort que moi.. Archibald nous hurle d'arrêter, que nous sommes fous de lui tenir tête.

La tension est palpable, étouffante mais je tiens bon face à toi. Je ne me souviens plus de mes mots à ce moment là ... le temps parait suspendu, figé.. des minutes se passent et finissent dans la noirceur de mon esprit..

Nous comprenons vite que chacun d'entre nous ne semble pas savoir. La sanction tombe, je suis démise de mes fonctions aux yeux de tous. Ces mots raisonnent en moi, je sais que je suis allée trop loin devant tous et qu'il ne peut en être autrement mais je n'avais pas le choix, il me fallait cette réponse..

Je serre les poings, enfonçant mes ongles dans la chaire de mes paumes. Le feu me consume à l'intérieur et pourtant le froid enveloppe mon corps. Quelle sensation étrange ... Mon cerveau reprend le contrôle, étouffant ses émotions au plus profond de mon être, ce feu dont je dois apprendre à me servir à bon escient.

Nous sommes interrompus, des soldats viennent informer le Seigneur que Sofia est à l'entrée de l'enceinte du château, attendant que nous la recevions. Il fait signe et les soldats partent la chercher.
Je reste immobile à côté d'eux. Sofia entre à ce moment là, elle vient demander de l'aide pour Kalianor et nous informe qu'elle a été voir le démon sur son plan .. mais qu'elle n'a pas pu le combattre.
Je la regarde froidement, la traite d'inconsciente et d'incompétente. Je laisse tomber le masque de la diplomatie qui m'agace. Ne jamais dire les choses pour ne pas froisser, quelle belle idiotie... Archibald est un peu plus diplomate, étonnant d'ailleurs. Il tente d'avoir plus d'information sur ce démon et de comprendre les actions de Sofia.. Il s'engage donc à l'aider avec l'accord du Seigneur.

Je ne participerai pas à cela.. A mes yeux si Shilen le tolère sur ses terres, c'est qu'elle doit avoir sa raison. Mon objectif premier reste la Légion, l'Ancien et ma génitrice. Archibald est assez autonome pour gérer ce problème.
Mes mains sont toujours fermées, du sang commence à s'écouler et tombe au sol..

Il les accompagne pour aller voir l'état de Kalianor je crois... à vrai dire.. mon esprit se brouille à nouveau. Je vais me poster à côtés des autres soldats, au garde à vous, laissant le Premier Assassin discuter avec le Seigneur. Les corbeaux s'agitent dehors sur les remparts, ils sont nombreux à vouloir des informations.

Père semble un peu plus calme, la discussion se passe donc normalement. Je reste immobile à écouter ... mais mon esprit repart divaguer dans sa noirceur.. je ne suis plus là, je suis dans le vide...
La discussion se termine. Les Draken tenteront d'apporter des réponses au D'Veldryn.. Frisson me regarde un moment après avoir pris congés. Je lui adresse un sourire et le rejoindrais plus tard chez nous.
Je me retrouve seule avec Père. Je ne bouge pas, attendant qu'il m'ordonne de rompre les rangs, après tout, je suis à nouveau un simple soldat.
Il m'explique qu'il ne pouvait pas laisser passer mon acte aux yeux de tous.. je lui rétorque que je parlais à mon Père, pas au Seigneur de Dion et que le Premier Assassin mérite des réponses quand aux actes de nos Aïeux. Je reste sur mes positions, bien que ma manière de faire ne fut pas la plus adaptée.

Il me regarde longuement, je ne devine pas ce qui se passe dans son esprit. Il semble si proche et pourtant si fermé parfois. Suis-je la même avec mes proches ?
Finalement, il me ré-intègre en tant que Commandante des troupes dionnaises car il sait que personne n'a mon niveau et que je ne lui serais pas utile en simple soldat.
Je hoche à ses paroles et je quitte le château en le saluant avec le respect dû à sa fonction mais je sais que les dernières nouvelles et l'altercation entre lui et moi ont mis nos cœurs à sang..

Deux jours, deux jours sans se parler ni même se regarder. C'est le temps qu'il m'a fallu pour prendre ma plume et lui écrire... une lettre d'excuse vis à vis de mon attitude mais dans laquelle je réitère mes propos en lui confirmant mon soutien et mon aide en tant que fille et soldat.

[Hellymaine]

Survivre, telle est ma destinée.
Depuis plus d'un siècle j'ai su survivre...
Mon nom, mais qu'est-ce qu'un nom?
Tout ce que je sais, C'est qu'il signifie
Brouillard, pétrification et tristesse...

Brouillard, telle est ma voix.
Mystérieux est son timbre,
Nébuleux est son sens,
Blanche est sa franchise...

Pétrification pour mon corps
Car, au fil des années, mon corps
S'est endurci jusqu'à en devenir
Impénétrable, indestructible,
Armure de pierre...

Tristesse, pleurs et chagrins
Telle est mon âme.
Mais je ne connais plus ces mots
Parce qu'ils font partie de mon être.
Ils se sont ancrés,
Tellement profondément,
Que je ne les perçois même plus;
Ils sont là, m'habitent, me hantent...

Je suis un vestige,
Je suis la mémoire du temps.
Toutes joies, toutes peines;
Toutes paix, toutes guerres
Sont marqués dans le livre qu'est ma vie...

Je suis si ancien
Qu'aucun charme ou sortilège
Ne peut m'atteindre, à part peut-être...
Peut-être celui de l'amour?
Mais est-ce que l'amour est un charme ou un sortilège?
Je ne le sais pas
Et ne le saurai peut-être bien jamais,
Car l'amour est beaucoup plus vieux que moi...

Seul l'amour serait assez fort
Pour dissiper le brouillard de ma voix
Pour briser l'armure de la pétrification
Pour désancrer les épaves de tristesse qui me hantent.
Seul l'amour serait assez fort
Pour me sortir de l'abîme
Ou j'ai plongé, il y a de ça plus d'un siècle
En me jurant de ne plus jamais...........Aimer.

[Hellymaine]

Intégrer les rangs, rejoindre le Clan.

Cela fait un moment que je n’ai pas pris le temps de coucher mes pensées…
Tellement de choses, tellement d’évènements.
Nous avons dû abandonner notre cité pour rejoindre Gludio.
L’accueil a été au-dessus de tout ! La cohabitation parfaite et nos populations en bons termes.
Chacun a sa place pour ne pas envahir l’autre et aucune ingérence dans nos affaires respectives. Je ne remercierai jamais assez Cédéric d’avoir été là pour son Peuple.

Elle resta un moment à fixer le manuscrit. Les pensées l’assaillant … Dion, la Légion, la disparition de Russtav, sa mère, l’Ancien … et leur connaissance à présent à son sujet.
Elle secoua la tête en murmurant que cela resterait dans son esprit et ne sera jamais couché par écrit… Elle savait que c’était plus sage, pour elle... pour eux.
Elle releva les yeux et plongea dans le miroir se tenant dans le petit salon. Les combats faisaient leurs œuvres… bien que son visage restait encore parfait en tout point.
Son rôle n’avait jamais été une option, elle ne le savait que trop bien et elle le jouerait jusqu’à son dernier souffle.
Ses épaules supporteront tout. Les combats faciles comme ceux qui vous laissent le goût du sang et une salive rouge dans la bouche. Elle est une Gardienne, à la fois de Shilen, mais aussi de son Clan, de son Peuple.

Entre la perte de Dion et sa reprise, Mère m’a accordé sa confiance en me permettant de devenir plus forte et de servir Ses actions. Bien entendu, j’ai eu des questions … et elle me donna les réponses que j’attendais… Patience …

un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

Frisson aussi a eu droit à sa rencontre, mais celle-ci lui avait laissé un goût amer et une rancœur qui, je l’espère, ont été adoucis par nos découvertes. Il est à présent bien plus dangereux pour les autres maintenant qu’il est libre, et je l’aime ainsi.

Son regard se posa doucement sur un des jeux de dagues du Premier Assassin, rangées non loin d’elle.

Père semble fier de mes actes, et mon Peuple aussi.
Ils me le rendent bien en me donnant leur confiance.
Je ne la décevrais pas et je ferai toujours passer leur bien en premier, quoiqu’en disent tous les détracteurs de Dion. Je sais bien que, même parmi les héros qui croisent le fer à mes côtés, bon nombre refuse notre façon de diriger nos terres mais pourtant … les faits sont là qu’ils le veuillent ou non.
Nos populations connaissent le prix à payer pour ne manquer de rien et pour se sentir en sécurité, et, moi encore debout, je mettrais tout en œuvre pour assurer leur sécurité, quitte à me dresser en dernier rempart.
Ce pacte a été acté avant ma naissance et prendra fin à ma mort.

La diplomatie …toujours un fardeau mais je commence à m’amuser. Anticiper les réactions des personnalités est un véritable passe-temps. J’ai compris que la diplomatie est aussi œuvre de stratégies. Le combat n’est pas physique mais il faut savoir élaborer des plans quoiqu’on en dise. Père est toujours à mes côtés et me laisse aussi, sur ce point une certaine autonomie.

Elle s’arrêta de nouveau, pesant les mots qu’elle allait coucher sur ce manuscrit. Certaines choses ne seront jamais dites, c’est cela aussi la stratégie.

En parlant de stratégie, nous avons rejoint les troupes de la coalition pour libérer Giran. Ce peuple mérite autant que les autres sa liberté et l’infamie des Légionnaires doit prendre fin.
C’est ainsi qu’une partie de nos soldats ont perdu la vie… plus de la moitié des troupes que j’avais mis en place.
Le prix est lourd, pour notre Population et pour moi-même… J’espère que les Valanzo mesurent le sacrifice qui a été fait pour reprendre leur cité. J’aurais préféré ne pas mobiliser nos hommes et y aller seule … mais la menace était encore trop grande et la ville bien trop gangrénée pour s’y aventurer ainsi, malgré nos capacités….

Elle regarda l’armoire au loin, remplie de flacons vides parfaitement rangés et propres. Ses pensées l’assaillirent encore de plus bel et elle resta de longues minutes ainsi puis, changea brusquement de sujet dans son manuscrit.

Cédéric m’a posé la question.
Cette question que je n’aurais jamais pensé entendre de sa propre bouche. Nous avons longuement discuté et je lui ai répondu sans retenue ni filtre, comme je l’ai toujours fais.
Notre relation est assez particulière… entre respect, fierté, taquinerie et étincelle.
Je sais qu’il envie mes liens avec Père mais s’il savait comme je l’envie d’avoir été proche de mère et de l’avoir connu plus longtemps que moi…
A présent, à mes yeux, elle n’est plus qu’une saleté qui a vendu son âme pour on ne sait quelle raison.
Je ne lui pardonnerai jamais d’avoir été faible ! L’idée était bonne mais elle se devait d’être l’excellence pour l’utiliser !

Elle appuya fortement sur le fusain au point de le rompre, de manière franche, en deux tout en grognant.
Quand elle leva les yeux sur le miroir toujours en place, elle vit un être assoiffée de sang et de colère la fixant … Son visage, doux jusqu’à présent, s’était transformé.
Il était devenu implacable, les traits durcis, la ressemblance avec sa mère n’était plus. Elle vit les traits paternels prendre le dessus et un sourire carnassier s’afficha sur ses lèvres.

Mi-ange, mi-démon … Je rejoins le Clan Draken et j’honore mes aïeux.

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