A une période à Heine, un nom était sur toutes les lèvres : Eleonore Lothlórien. Cette beauté elfique aux cheveux bleu lagon était la fille la plus courtisée et également la plus jalousée de la cité. Orrien Morgwynn était l’un des meilleurs partis. Il avait tout pour lui : plutôt bel homme, héritier d’un baron, d’une lignée pure et irréprochable. Vaniteux, il prit les refus de la belle pour de la coquetterie aussi tomba-t-il de très haut quand il apprit l’annonce des fiançailles d’Eleonore avec Messire Agatus. Un vulgaire humain… Blessé dans son orgueil, Orrien décida d’épouser rapidement la jeune elfe qui apporterait le plus d’avantages à sa famille et ses ambitions. Il jeta son dévolu sur Celeanna Iris.
Ce mariage n’apporta que peu de bonheur à la jeune Celeanna tant son époux était vaniteux, élitiste et indifférent à toute forme d’affection. Leur premier né fut un garçon Thallan, qu’il éduqua pour devenir un héritier digne de lui. Il devint avec les années le même genre d’homme qu’Orrien. Ensuite vint Nephinae dont la beauté devint rapidement la fierté de leur père qui cherchait à la marier au plus offrant.
Des années plus tard, avec un grand écart d’âge, naquit la petite Aiyanna. Un accident de parcours selon Orrien. Elle n’était pas désirée et elle passa son enfance entourée d’indifférence. Calme et docile, la jeune fille obéissait sagement à tous les ordres sans poser de question, ne cherchant pas à comprendre ce qui l’entourait. Elle n’avait le droit de quitter le domaine familial que rarement et sous bonne escorte. Peu à peu, Orrien commença à envisager un moyen de l’utiliser. Même si elle n’égalait en rien sa sœur aînée, elle restait jolie et sa grande docilité était un avantage indéniable. Elle pourrait accepter un mariage que Nephinae, dans sa grande vanité, pourrait refuser. Cette dernière ne cessait de rabaisser sa petite sœur en lui faisant comprendre qu’elle lui passerait toujours devant sur tous les domaines ce qu’Aiyanna finit par prendre pour une vérité. Voyant la naïveté et l’innocence de sa fille, Orrien lui mit en tête que l’amour pourtant prôné par leur déesse n’était pas pour elle, que cela lui était strictement interdit.
Quand la Plaie s’abattit sur Heine, la famille Morgwynn réussit à s’échapper à l’exception de Celeanna. Comme tous les réfugiés, ils finirent sur Faeron, l’île des Ertheias, ravalant tant bien que mal leur fierté. Mais dès qu’il fut possible de revenir sur le continent, le baron Morgwynn retrouva une demeure provisoire jusqu’à la reconstruction de Heine.
De retour à Heine, la jeune Aiyanna, atteignant tout juste sa majorité, avait vu de nouveaux horizons, attisant une curiosité toute nouvelle. Elle supplia son père de lui accorder une liberté provisoire afin de découvrir le monde, promettant de lui revenir. Orrien finit par lui céder connaissant le dévouement de sa fille à son encontre. Il l’envoya à Giran et lui ordonna de rencontrer Messire Artak Elnor et de se rendre utile auprès de lui. Il ne chercha même pas à la faire surveiller tant il était assuré de sa parfaite docilité. Aiyanna, toute heureuse de goûter un semblant de liberté, se rendit dès que possible à Giran pour découvrir le monde.
